#33 - Astroturfing : discerner le vrai du faux
Les Franglaiseries du Web : la newsletter bi-mensuelle qui décrypte pour toi les anglicismes du web 🇬🇧
Hello you et bienvenue aux nouveaux et nouvelles abonné•e•s 👋
Avant tout merci à ceux et celles qui se sont inquiétés de ne pas recevoir leurs franglaiseries de février. J’avoue ne pas avoir publié 🫣
Mais avec les beaux jours et le soleil pointant le bout de son nez, le regain est assuré 🤗
Back to the core, fin janvier, je te parlais de ChatGPT, nous ne sommes que mi-mars et le GPT 4 est sorti encore plus puissant qu’avant.
Nous vivons une transition technologique phénoménale avec le Web 3, les NFT, les cryptos et sa blockchain. Ça va vite, très vite, on peut facilement louper le train et se faire avoir par méconnaissance de pratiques obscures.
C’est d’ailleurs le sujet du jour, je te parle d’Astroturfing. Pas de ton thème astral mais d’une pratique marketing plutôt dangereuse 😨
Avant de te prédire ton avenir, si tu aimes ce que tu lis par ici, tu peux le dire avec leur coeur ❤️ tout en bas de cette news.
So, are you ready?(Temps de lecture : 4 mns)
Let’s get started with la franglaiserie n°33 :
ASTROTURFING
(prononcé en anglais 🇬🇧 ass•tro teur•finegue)
1. Astroturfing : ça veut dire quoi ?
Le terme “Astroturfing” est dépourvu de traduction littérale française 🇫🇷 mais on peut le traduire par la “pratique de désinformation de l’opinion publique”. Oui, madame, monsieur, c’est aussi dangereux que cela !
Point culture
Le nom Astroturf© fait référence à une marque de pelouse synthétique utilisée dans les stades aux US. Elle imite le gazon naturel à la perfection. C’est de là que vient le jeu de mot utilisée pour la première fois par Lloyd Bentsen, sénateur du Texas en 1986, victime d’une campagne de lobbying d’une compagnie d’assurance. Il avait alors qualifié la technique de communication d’Astroturfing (« Playing on astroturf », The National Journal, 19 avril 1986, p. 923) mettant “en lumière un phénomène appelé à se développer”. 🤷🏻♀️
2. Astroturfing : qu’est-ce que c’est ?
L’astroturfing est une technique marketing de propagande. Peut-être l’as-tu déjà expérimentée ou vu passer sans que tu t’en aperçoive.
Saches qu’avec l’avènement des réseaux sociaux, cette pratique a (vraiment) beaucoup servi aux campagnes politiques. Mais pas que, elle est méga utilisée en publicité et en relations publiques. Je te partage quelques exemples flagrants plus bas dans la news.
L’objectif de l’astroturfing
Modifier la vérité ! Usurper et instrumentaliser l’opinion publique pour soutenir des intérêts particuliers.
Tu le vois venir mais l’avancée technologique va permettre d’accélérer la propagation des pratiques d’astroturfing. C’est rageant mais charge à nous de les détecter pour nous forger notre propre opinion. 😏
Même si les mouvements politiques se sont emparés de cette technique marketing, elle fait aussi les choux gras des grosses entreprises.
Regardons maintenant comment l’astroturfing fonctionne pour comprendre ses conséquences et éviter de se faire pièger 🤓
3. Comment fonctionne l’astroturfing ?
Les stratégies d’astroturfing sont avant tout un outil de diffusion de la désinformation, d’actes de lobbying, de militantisme et de relations publiques.
Les commanditaires, entreprises privées, États ou partis politiques, masquent leurs messages ou organisations pour faire croire qu’ils proviennent et qu’ils sont soutenus par des citoyens « ordinaires ». Toi et moi quoi ! Bien sûr, tout ceci est faux et fabriqué de tout pièce pour prêcher leur “bonne parole”.
2 façons d’astroturfer :
manuelle : envoi de courriers ou autres documents imprimés, sollicitations frauduleuses, etc.
algorithmique (le + en vogue forcément) : création de faux comptes et groupes d’intérêts sur les réseaux sociaux, diffusion de contenus mensongers via des posts, parfois même des “putaclicks” (tu sais les clickbait dont je te parlais en franglaiserie #10) ou via des influenceurs digitaux, etc.
Les conséquences de l’astroturfing ?
Il y a des répercussions négatives bien sûr. En bref :
Sur les consommateurs
Les individus sont influencés par des faux avis ou fausses recommandations. Ils ne prennent pas la peine d'en apprendre plus sur le produit ou le service. Les entreprises favorisent une attitude passive. Le risque : perdre son argent dans des achats inutiles et briser la confiance entre la marque et les consommateurs.
Sur la société plus largement
Dans la même veine qu’avec les entreprises, les Etats et/ou mouvements politiques minent la confiance en masquant leurs intérêts, en manquant de transparence. Par la diffusion d’informations falsifiées ou calomnieuses, ils limitent l’accès aux informations non biaisées ou fondées sur des opinions objectives, et encouragent à la révolte. A grande échelle.
C’est très vrai avec les exemples que je te partage maintenant.
4. Exemples d’astroturfing
Les Etats-Unis 🇺🇸
Les acteurs politiques américains se servent des techniques d’astoturfing pendant les campagnes présidentielles. C’est moche mais c’est réel. Lorsque Donald Trump s’est fait élire en 2016, son équipe avait mis en place une stratégie numérique d’influence massive sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, impliquant l’action de groupes russes dans la diffusion de fausses nouvelles orchestrées. Souviens-toi, on parlait alors de soupçons d'ingérence russe dans les semaines qui ont précédé le scrutin. Le résultat, tu le connais.
La France 🇫🇷
Toujours en politique, c’est pendant la campagne présidentielle de 2022 que le journal Le Monde révélait comment « des militants d’Éric Zemmour gonflaient artificiellement la présence de leur candidat sur Twitter ». Les journalistes avaient collecté des centaines de milliers de tweets pro-Zemmour. Des tweets fabriqués de toute part… au final peu représentatifs de sa “popularité” réelle.
Les entreprises 💰
Elles ont recours aux techniques d’astroturfing pour promouvoir leurs produits ou services en diffusant de faux “messages positifs" sur les réseaux sociaux, les forums en ligne ou les sites web commerciaux. Le site en ligne Be a Boss rapporte que Samsung a fait croire que le téléphone de la marque concurrente HTC présentait de nombreux défauts techniques. L’entreprise est partie en croisade d’influence en faisant “appel à des étudiants taïwanais qui ont publié leurs mésaventures fictives avec le HTC One sur plusieurs forums de discussion.” Une stratégie sans foi, ni loi !
Voilà, j’espère que ça t’a plu. Maintenant que tu sais, tu peux désormais détecter les astroturfers.
Si tu veux me contacter, je te répondrai du tac-o-tac sur LinkedIn, mon réseau chouchou ou par ici en me laissant un commentaire en dessous.
RDV jeudi en 7 pour la franglaiserie n°34.
Merci de m’avoir lu jusqu’ici. Coeur avec les doigts 🫶
Stéph.